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Agissons contre les allergies au pollen des cyprès !

Publié en ligne le 18 août 2014 - Médecine -

Le cyprès, originaire d’Asie Mineure et présent depuis deux millénaires au moins en Provence, est devenu, du fait de son utilisation massive par l’Homme, dans le Midi de la France et dans le Vaucluse en particulier, un problème de santé publique par la pollinose dont il est responsable chaque année.

Le cyprès a une très longue durée de vie (environ 500 ans), il résiste à la sécheresse, s’accommode de sols ingrats, sa croissance est rapide et il est peu onéreux à l’achat et à l’entretien. C’est un bois imputrescible, symbole d’immortalité, ce qui explique queles Papes sont inhumés dans un premier cercueil en bois de cyprès. Notons toutefois que les cyprès sont très combustibles et brûlent comme des torches, d’où le danger de leurs haies dans les incendies de l’été en Provence.

Malheureusement, les pollens de cyprès sont très allergisants (au niveau 5, le maximum de l’échelle) car ils réunissent toutes les propriétés pour en faire des pollens dangereux : ils contiennent un principe antigénique 1 (à la différence, par exemple, du pollen de pin), ils sont anémophiles (pollen disséminé par le vent) et ils sont extrêmement abondants. En effet, le cyprès est connu pour être émetteur de très grandes quantités de grains de pollens (les spermatozoïdes de l’espèce végétale). Ces grains sont de petite taille (25 µm), véhiculés par les vents sur de très grandes distances car leurs capacités de transport éolien sont excellentes. Leur pouvoir allergisant est très élevé, ils pénètrent facilement dans les voies respiratoires et sont responsables, de début janvier jusqu’à fin avril, (variable selon les années en fonction des conditions climatiques), de conjonctivites, rhinites et parfois même de trachéites ou de crises d’asthme.

La pollinose au cyprès, dont on publiait il y a quarante ans les très rares observations (3 cas publiés à Marseille en 1969), est devenue ces dernières années d’une extrême banalité tant les cas observés sont nombreux. Elle est actuellement, et de beaucoup, la pollinose la plus fré- quente en Provence et dans le pourtour méditerranéen. Elle est responsable de troubles pénibles pour les patients qui en sont atteints et de dépenses de santé croissantes.

Une allergie largement créée par l’action de l’Homme

Or, cette allergie a été amplement créée par l’Homme qui, en plantant massivement des cyprès (ils se comptent maintenant par millions), fait son propre malheur en modifiant inconsidérément son environnement, en ne respectant pas l’indispensable biodiversité du monde végétal et en ignorant l’existence d’espèces botaniques non allergisantes. Le vieil automatisme qui consiste à planter majoritairement des cyprès parce qu’on est en Provence doit cesser.

En effet, de grandes populations de cyprès verts ont été plantées comme arbres d’alignement en guise de brise-vent pour protéger les cultures du Mistral, comme peuvent le faire, sans le même danger, les peupliers d’Italie, les roseaux (cannes de Provence), les cognassiers, les tamaris et bien d’autres espèces.

Par ailleurs, le développement des résidences secondaires a conduit leurs habitants, pour se clôturer et se protéger des regards indiscrets, à planter des haies de cyprès sans penser aux alternatives possibles. Actuellement, c’est surtout dans un but purement décoratif que sont plantés massivement des cyprès verts (cupressus sempervirens), de forme fuseau essentiellement (cyprès de Provence). Et on en trouve véritablement partout. Il suffit pour s’en convaincre de regarder simplement autour de soi : il y en a en effet au niveau des entrées des agglomérations, des giratoires, des gares (Avignon-TGV), en bordure des allées qui desservent les grands centres commerciaux (y compris sur leurs parkings), en bordure des routes, des voies rapides (parfois même au centre de celles-ci), des autoroutes... et aussi à l’intérieur des villes où la nocivité de leurs pollens se cumule alors avec celle de la pollution atmosphérique qui fait se libérer plus facilement les allergènes.

Limiter la plantation de cyprès

Pour contenir l’explosion quasi épidémique de la pollinose au cyprès et tenter d’en réduire la fréquence, il est nécessaire d’agir sur l’environnement, en excluant évidemment les mesures extrêmes qui consisteraient à interdire leur plantation ou à décider de les arracher tous !

Une action est possible à deux niveaux au moins :

 ! En attendant la mise au point éventuelle de cultivars émettant moins ou pas du tout de pollen, il convient par l’information la plus large possible d’encourager à cesser de planter des cyprès et de proposer la plantation d’espèces non allergisantes telles que merisiers, lauriers, arbres de Judée, etc.

 ! Une autre possibilité d’action, pour limiter la population des cyprès, consiste a valoriser la filière du bois de cyprès. En effet, le bois de cyprès offre beaucoup de qualités, il a été utilisé en menuiserie et en sculpture dans le passé, pour la réalisation de portes, planchers, plafonds, pièces d’ameublement (armoires, coffres) et pourrait donc l’être à nouveau, ce qui inciterait certains propriétaires à les faire disparaître.

Plus d’informations sur : www.pollens.fr.
La prise en charge et le traitement des allergies

Plus d’un Français sur quatre souffre actuellement d’allergie respiratoire, affirme le Comité Français d’Observation des Allergies (CFOA). Les maladies respiratoires d’origine allergique n’ont cessé d’augmenter en France et dans le monde au cours de ces dernières décennies. En France, la prévalence de la maladie est passée de 3 % en 1968 à entre 20 % et 30 %, soit 16 millions de personnes, touchant notamment les enfants et les jeunes, adolescents et adultes. Les changements climatiques accroissent les risques d’allergie. L’augmentation de la température entraîne notamment une augmentation en durée et en intensité des pollinisations.

Les allergies sont un terrain de prédilection des allégations homéopathiques. Bien que très populaires, ces traitements homéopathiques sont sans validité.

Les allergies sont des affections qui doivent faire l’objet d’une prise en charge thérapeutique graduée, prenant en compte la sévérité des symptômes (classification ARIA). L’immunologie spécifique reste le traitement de choix car c’est le seul traitement de fond de la maladie.

1 Le principe antigénique, présent et connu, est ici l’allergène majeur du pollen de cyprès, c’est à dire la pectate lyase.