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Ces murs qui rendent malades

Publié en ligne le 1er septembre 2005 -
par Marie-Hélène Verville

Depuis la crise pétrolière des années 70, les gens construisent des maisons de plus en plus étanches. Ces habitats ne permettent plus d’échange entre l’air de l’extérieur et l’air de l’intérieur, ce qui occasionne des problèmes de santé. C’est surtout vrai dans les contrées nordiques : selon Statistique Canada, la plupart des Canadiens passent environ 90% de leur temps à l’intérieur.
« Le fait que la maison soit étanche à l’air est une bonne chose, nuance le consultant technique en bâtiment, Joël Legault. Mais le système de ventilation doit être adéquat. Sinon, le taux d’humidité amène toutes sortes de problèmes. De plus, la qualité de l’air s’en trouve dégradée. » Et les personnes qui détectent un tel problème sont souvent prises au dépourvu.

Smog résidentiel

Dans une maison, le taux d’humidité élevé peut déclencher de l’asthme chez les personnes sensibles, ou aggraver ce mal. « Le haut taux d’humidité cause, surtout en hiver, de la condensation sur les surfaces froides, comme les fenêtres, explique le biologiste Norman King, de la Direction de santé publique de Montréal. Quand il y a condensation chronique, avec accumulation d’eau sur les matériaux à base de cellulose (comme le bois), ces matériaux peuvent devenir contaminés » : il y a alors croissance de moisissure et de champignons. Le haut taux d’humidité favorise aussi la croissance des acariens, ces araignées microscopiques qui déclenchent l’asthme.
Qui plus est, quand un bâtiment devient un vase clos, tous les polluants reliés à l’activité humaine peuvent aussi nuire à la santé : fumée du tabac et poêle à bois en sont deux exemples. Certains produits nettoyants ou les agents allergènes comme le poil de chien, contribuent aussi à la dégradation de la qualité de l’air.

Tout le monde n’est pas atteint par le syndrome des édifices malsains. Mais si la quantité d’air frais n’est pas suffisante, plusieurs se plaindront d’irritation, de maux de tête ou de fatigue chronique, affirme Norman King, qui s’occupe spécifiquement du dossier de la salubrité des logements et de santé publique à Montréal.

Depuis l’entrée en vigueur du nouveau code de construction du Québec en 1995, toute construction neuve doit avoir un système de ventilation dans les principales pièces. Strictement quantifiée, la quantité d’air qui entre et sort est égale. Malheureusement, explique Joël Legault, comme l’application des règlements pour la construction des petits bâtiments est laissée à la discrétion des municipalités, celles-ci peuvent choisir un code de construction plus ancien, quand avoir une fenêtre dans la salle de bain constituait une ventilation adéquate. Or, dans une maison partagée par plusieurs personnes, une seule fenêtre ne suffit pas pour assécher l’air après les douches de tout le monde.

Identifier la cause

La maison étouffée est reconnaissable par les champignons qui se forment sur ses flancs extérieurs, et par la condensation et la glace collées à ses grands yeux vitreux. Les habitants sont souvent alertés par l’odeur de moisissure et de « renfermé », ou par la dégradation de leur santé. « À ce stade-ci, bien des gens font la gaffe d’identifier le coupable comme étant la maison », explique le technologue en architecture, Patrick Gautreau. « Malheureusement, dans plusieurs cas, ce sont leurs habitudes de vie qui causent en partie le problème ».

Prendre des douches courtes, ouvrir les fenêtres, fumer à l’extérieur : certaines habitudes peuvent améliorer l’air ambiant et réduire le taux d’humidité. « Il faut s’assurer d’avoir un ventilateur de salle de bain qui fonctionne correctement. La hotte de cuisinière : est-ce une hotte qui nous retourne l’air au visage avec un filtre au charbon ? », demande Patrick Gauthreau. « Il y a des étapes à suivre. La maison doit posséder tous les appareils d’extraction à la source, comme les ventilateurs de salle de bains », explique Joël Legault.

Si ces solutions restent inefficaces, le consommateur se tourne alors vers des systèmes plus sophistiqués. Le ventilateur d’extraction marche de telle manière qu’il envoie l’air vers l’extérieur. On le contrôle par le taux d’humidité souhaité. Et il y a le fameux échangeur d’air, qui coûte entre 800 et 1200 dollards. Ce système fonctionne comme une fenêtre. Par contre, il n’y a aucune récupération de chaleur possible.

En tête de liste, arrive le ventilateur récupérateur de chaleur, VRC pour les intimes. « Il fonctionne sur le même principe qu’un échangeur d’air, mais en plus, il permet de récupérer la chaleur qui sort dehors », explique Joël Legault. Pour la coquette somme de 2500 dollars. Avant de délier les cordons de la bourse, les occupants doivent s’assurer de trouver la cause exacte de leurs ennuis...


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