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Décoder l’info

Publié en ligne le 31 juillet 2019
Décoder l’info
Comment décrypter les fake news ?
Caroline Faillet, avec la collaboration de Marc O. Ezrati
Éditions Bréal, 2018, 120 pages, 12 €

Sur toutes sortes de sujets, nous sommes submergés d’informations dont certaines sont fausses et d’autres vérifiées. Les plus génératrices d’angoisse sont certainement celles qui concernent notre santé. Comment faire le tri ?

Cet ouvrage propose un décryptage des rouages de la désinformation sur Internet et démontre les manipulations de l’opinion et les conséquences politiques, économiques, scientifiques qui en découlent, avec de nombreux exemples. Il est organisé en trois parties :

1- Radiographie du fake : c’est quoi ? c’est qui ? avec quels ingrédients ?
2- Faut-il s’en inquiéter ?
3- La lutte contre les fake news : favoriser la prévention, circonscrire l’infection, éradiquer les foyers pathogènes et doper le système immunitaire du web.

Les fake news sont en effet une maladie virale très contagieuse.

Une information doit avoir un intérêt pour celui qui la lit, elle doit être factuelle, elle doit être vérifiée… au moins par l’émetteur mais aussi par le lecteur, surtout s’il veut la relayer. Bien souvent, les « infox » ne sont même pas lues ; seul le titre attire. Et plus la ficelle est grosse, plus elle aura d’audience ! À l’origine, des faussaires, des trolls, des croyants, des complotistes… Mais tout le monde peut devenir un « faussaire ordinaire » en relayant une information, sans la vérifier, qui s’avère fausse. Nous pouvons tous être manipulés, même les plus éduqués.

La rumeur est le plus vieux média du monde qui, avant l’invention de l’écriture, permettait la transmission orale, plus ou moins déformée, des traditions, faits, informations, etc. Les rumeurs infondées, les images falsifiées ont toujours existé. Mais avec les GAFA et les réseaux sociaux, tout devient plus facile et plus rapide.  « C’est paradoxalement au niveau des grands médias classiques [NDLR : qui sont réputés de source sûre] que se situe le plus haut risque pour la vérité. […] Comme les autres, les journalistes des médias classiques sont sensibles à l’air du temps et effectuent leur veille sur les réseaux. Ils y glanent le buzz du jour, le “trending topic” et de potentiels lanceurs d’alerte… » Paradoxalement aussi, Wikipédia, ayant une caution d’encyclopédie, est le dernier rouage dans la pérennisation des fausses nouvelles puisqu’il est ouvert à la contribution de tout un chacun.

Notre cerveau présente un biais cognitif qui nous fait porter plus d’attention aux informations pouvant représenter un danger plutôt qu’aux informations neutres.  « Conçu pour notre survie en environnement hostile et la survie de notre espèce, notre cerveau nous sert peut-être à penser, mais il n’est pas fait pour penser ». Ainsi, nous allons le plus souvent au plus facile, au moins coûteux en énergie : la croyance. Pourtant, il y a quelques siècles, nous sommes sortis de la pensée magique en inventant une méthode rigoureuse et intransigeante : la méthode scientifique. Il faut s’y tenir ! Il faut se méfier de ce que l’on partage ; se méfier des opinions qui ont des conséquences ; se méfier de ce que l’on dit à nos enfants car pour eux, les parents sont les sachants.


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Publié dans le n° 328 de la revue


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Auteur de la note

Martine Souques

Médecin de santé publique et épidémiologiste, en (...)

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