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L’Anses à propos du glyphosate

Publié en ligne le 27 avril 2020 - Pesticides -

Le glyphosate est un désherbant dont l’utilisation inquiète toujours une partie de la population 1, comme le montre la médiatisation des alertes d’associations comme les « pisseurs volontaires », qui font analyser les urines des gens pour y détecter la présence de glyphosate ou de son principal métabolite, l’AMPA (acide aminométhylphosphonique). C’était par exemple le cas dernièrement à La Réunion, où il a été précisé que  « en moyenne, les urines testées lors de cette première campagne contiennent 11 fois la quantité de glyphosate recommandée dans l’eau potable par l’Organisation mondiale de la santé » [1]. Il n’est évidemment pas judicieux de comparer une concentration dans des urines avec une norme pour l’eau potable, puisque les urines contiennent la plus grande part des déchets liquides du métabolisme de l’organisme !

Michael Schüppach (1707-1781) pratiquant “l’uroscopie” vers 1758 en Suisse, Jakob Emanuel Handmann (1718-1781)

Comme d’autres substances, le glyphosate fait l’objet d’un programme de surveillance par les autorités sanitaires françaises. Le 29 octobre dernier, l’Anses a publié une communication qui  « dresse un état des connaissances disponibles en France concernant sa présence dans les eaux, les aliments ainsi que les niveaux d’imprégnation chez l’Homme » [2].

Dans les eaux de surface telles que les rivières et les lacs, les concentrations observées en 2017 sont  « généralement inférieures aux valeurs toxicologiques de référence en vigueur pour les environnements aquatiques avec un seul dépassement en onze ans de surveillance ». Dans les eaux souterraines,  « le glyphosate et l’AMPA sont présents dans 3 à 4 % des prélèvements en 2017 avec des dépassements annuels de la norme de qualité de l’eau (concentration maximale de 0,1 µg/L pour chaque substance) pour moins de 1 % des points de prélèvements ».

Ces données sont rassurantes, d’autant plus que le seuil sanitaire (c’est-à-dire sans risque pour la santé) pour les eaux destinées à la consommation humaine est fixé à 900 µg/L d’eau par la réglementation européenne, une valeur 9 000 fois supérieure à la norme de qualité de l’eau de 0,1 µg/L pour le glyphosate et l’AMPA 2.

Concernant l’exposition par voie alimentaire, les études récentes (2014 et 2016)  « montrent la présence de faibles quantités de glyphosate dans les aliments, notamment les céréales, les raisins de cuve et les lentilles. Ces études mettent en évidence que l’exposition de la population française via l’alimentation est inférieure à 1 % de la dose journalière admissible (DJA), une valeur sanitaire de référence pour les risques de toxicité chronique. » L’Anses commente aussi les concentrations retrouvées dans les urines, publiées dans les études scientifiques ou par les associations de « pisseurs volontaires » : ces concentrations  « de l’ordre de 1 µg/L dans les urines, correspondent à une exposition par voie orale inférieure à 1 % de la dose journalière admissible ». Et donc sans risque pour la santé.

Le programme de surveillance conduit à des données rassurantes à ce jour et il se poursuit avec des études en cours dont les résultats seront publiés prochainement.

Kévin Moris

Références

1 | Molina C, « Tous les élus testés ont du glyphosate dans leurs urines », 29 octobre 2019. Sur zinfos974.com

2 | Anses, « Glyphosate : l’Anses fait le point sur les données de surveillance », 29 octobre 2019. Sur anses.fr

1 Pour des éléments de réponse, voir : Le Bars H, « Le glyphosate est-il cancérogène ? », SPSn° 323, janvier 2018. Sur afis.org

2 La norme de qualité de l’eau prend ainsi en compte une large marge de sécurité supplémentaire par rapport au seuil sanitaire issu des études toxicologiques.