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Regards sur la science

La vache et l’homéopathe

Publié en ligne le 26 novembre 2015 - Homéopathie -

Les partisans de l’homéopathie terminent immanquablement une discussion avec leurs opposants en avançant : « ça marche sur les animaux, ce n’est donc pas un effet placebo.

Cette phrase contient, en fait, deux assertions différentes.

Qu’un effet placebo chez les animaux soit possible, depuis Pavlov tout le monde l’admet ! Science & pseudosciences, en 2006 (Sommaire du n° 274), a traité en détail de cet aspect. Il y était aussi question de la réalité des guérisons décrites et de l’objectivité des observateurs (vétérinaires ou propriétaires). Mais, finalement, neuf ans plus tard, que nous dit la littérature scientifique sur la deuxième assertion : l’homéopathie est-elle efficace sur les animaux ?

Une méta-analyse 1 toute récente vient de paraître [1] ; elle porte sur 18 études avec un contrôle de l’effet placebo possible. Il s’agissait de préciser à partir de ces études portant sur des vaches (10 cas), des porcs (5 cas), des chiens (2 cas) et une chèvre, si le résultat d’une intervention homéopathique (traitement ou prophylaxie, individualisation ou non) peut être distingué de l’intervention correspondante par placebo. Ces 18 exemples avaient été sélectionnés à partir de 150 études. Parmi elles, 112 avaient été éliminées car ayant été publiées dans des revues sans comité de lecture ou publiées pour la deuxième fois, ou bien n’ayant pas été randomisées ou contrôlées. Des 38 restantes, 20 avaient été contrôlées pour autre chose que l’effet placebo. Au final, l’estimation des risques de biais dans les 18 études sélectionnées mit en évidence leur faible qualité et ne permit de sélectionner que deux études probantes et sans conflit d’intérêt évident : l’une montrait qu’un traitement homéopathique individualisé n’avait pas d’effet bénéfique sur la mammite bovine, l’autre que les Coli homéopathiques avaient un effet prophylactique sur la diarrhée porcine. Les auteurs concluent qu’en raison des résultats mitigés d’un nombre si limité d’essais, ils ne peuvent pas donner de conclusion généralisable sur l’impact de l’homéopathie vétérinaire. Il est intéressant de préciser que le premier auteur de cette étude, publiée dans la revue Homeopathy, est membre de la British Homeopathic Association et le second, de la Karl und Veronica Carstens-Stiftung (une fondation qui promeut l’homéopathie).

Un travail publié en 2014 [2] mais non incorporé dans la méta-analyse aurait-il fait pencher la balance ? Il portait sur 263 cas de mammite bovine et montrait que le traitement homéopathique était significativement peu efficace (en l’absence de contrôle, on ne connaît pas quel aurait été le taux de guérison spontanée) par rapport au traitement antibiotique.

Références

1 | Mathie R.T. et Clausen J., « Veterinary Homeopathy : meta-analysis of randomized placebo-controlled trials », Homeopathy, 2015, 104, 3-8.
2 | Williamson J.H. et Lacy-Hulbert S.J., « Lack of efficacy of homeopathic therapy against post-calving clinical mastitis in dairy herds in the Waikato region of New Zealand », New Zealand Vet. J, 2014 62 8-14.

Publié dans le n° 313 de la revue


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L' auteur

Jacques Bolard

Jacques Bolard est biophysicien, directeur de recherche honoraire au CNRS.

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