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Le climato-dénialisme n’est pas mort

Publié en ligne le 23 février 2019 - Climat -

Dans ce titre, nous utilisons à dessein le terme climato-dénialisme plutôt que climato-scepticisme qui est pourtant très largement utilisé. En effet, le scepticisme est une attitude positive, à encourager. A l’inverse, dans le domaine des sciences, le dénialisme désigne 1 «  le rejet des faits et des concepts indiscutables et bien soutenus par le consensus scientifique, en faveur d’idées radicales et controversées  ». On est bien dans ce cadre en ce qui concerne l’impact des activités humaines sur le climat.

Les controverses autour de la question du réchauffement climatique restent très vives. Certaines portent sur les actions à entreprendre ou sur les priorités qui s’imposent et sont alors en-dehors du champ scientifique strict. Il y est davantage question de valeurs, d’économie, de choix politiques ou sociaux que de science. Mais il existe encore des personnes qui contestent le consensus scientifique qui est décrit dans les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), soit en contestant l’existence du réchauffement climatique lui-même, soit en rejetant la responsabilité des activités humaines dans l’augmentation de la concentration en dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, mais le plus souvent en minimisant l’impact du CO2 atmosphérique sur le climat.

Historiquement, le porte-drapeau de cette dernière position était Claude Allègre, scientifique reconnu, spécialiste en géophysique interne, puis conseiller de Lionel Jospin et enfin ministre de la Recherche. Après son passage au gouvernement, et alors que sa carrière scientifique était derrière lui, il a écrit plusieurs livres 2 3, et s’est exprimé très fréquemment dans les médias pour prendre des positions niant ou minimisant la contribution humaine au changement climatique. Claude Allègre a brutalement disparu de la scène médiatique pour des raisons de santé. L’autre grande caution scientifique à cette posture est Vincent Courtillot, collègue de Claude Allègre à l’Institut de Physique du Globe. Celui-ci n’a pas rédigé de livre grand public centré sur le sujet et il faut lui reconnaître le mérite d’avoir suivi la démarche normale du débat scientifique en soumettant certaines de ses thèses à l’évaluation par les pairs au travers de publications dans des revues spécialisées. Les idées exposées dans ses publications, qui insistent sur la contribution du Soleil au changement climatique, ont été rapidement réfutées en mettant en évidence des erreurs méthodologiques [1]. Cependant, lors des conférences qu’il a données et qui ont été amplement reprises et visionnées sur YouTube, il expose des thèses qui vont bien au-delà de ce qu’il a publié et qui se révèlent sans fondement. Ainsi a t-il largement mis en avant une « pause » du réchauffement climatique entre les années 1998 et 2013, période d’une quinzaine d’années pendant laquelle la température moyenne du globe a montré une relative stabilité, mais en référence à la première année exceptionnellement chaude en raison d’un épisode El Niño intense. En réalité, les années suivantes (2015-2017) ont bien montré que le réchauffement ne s’était pas arrêté en 1998 et ont continué d’apporter confirmation des projections climatiques. Sur des échelles de temps décennales, la hausse des températures observées est conforme aux prédictions des premières simulations climatiques réalisées dans les années 1980 et aux suivantes faites dans le cadre du GIEC [2].

Depuis quelques années, François Gervais, professeur émérite de l’Université de Tours, occupe une place active dans la controverse. Il est l’auteur de deux ouvrages grand public, L’Innocence du carbone : l’effet de serre remis en question (2013) et L’urgence climatique est un leurre (2018). Ce second ouvrage a été largement médiatisé et a donné lieu à de nombreuses conférences de l’auteur que l’on peut retrouver sur YouTube.

Nous nous proposons ici d’analyser deux exemples qui illustrent les procédés de l’auteur pour faire passer un message opposé à l’état des connaissances scientifiques et qui peut facilement induire en erreur un public peu averti, même si celui-ci possède des bases scientifiques solides [3][4].

La réalité du réchauffement climatique et les modèles prédictifs

Dans le dernier rapport du GIEC, sorti en 2013 [5], la vitesse du réchauffement observé est comparée à ce qui a été anticipé par les différents modèles de simulation du climat. Trois périodes sont considérées. Sur la période la plus longue (1951-2012 : c), le taux de réchauffement observé (en degrés par décennie) est bien dans la fourchette de prédiction des modèles. Sur une période plus courte donc moins représentative (1984-1998 : b), la tendance est plutôt dans la fourchette haute des valeurs modélisées. À l’inverse, sur la période de « pause » évoquée plus haut (1998-2012), la hausse est dans la limite inférieure de ce qui a été anticipée par les modèles. Il est normal que la variabilité naturelle du climat influe sur la tendance calculée sur des périodes courtes. Mais, dans son livre récent (figure 4 de la page 61) et ses interventions médiatiques, François Gervais ne montre que le graphique portant sur cette troisième période (Figure a), sans jamais mentionner les deux autres. Il affirme alors que les résultats des modèles sont démentis par l’observation et que le climat est donc beaucoup moins sensible au CO2 que ce qui est indiqué par le GIEC. Ce qui n’est en réalité pas le cas, puisque la tendance à long terme du réchauffement climatique est bien dans la fourchette anticipée par les modèles.

Figure extraite du rapport AR5 du GIEC publié en 2013 et qui compare la tendance des températures moyennes de la Terre (en degrés par décennie) telle qu’observée (en rouge) et simulée par les modèles repris par le GIEC (en gris). Dans son livre et ses interventions médiatiques, François Gervais ne montre que la figure de gauche (a), sans même mentionner l’existence des autres.

L’effet de serre

L’effet de serre est un phénomène dont le principe est bien compris depuis plus de deux siècles et très bien quantifié depuis plusieurs dizaines d’années [6]. Dans la troposphère (la couche d’atmosphère d’une dizaine de kilomètres d’épaisseur dans laquelle nous vivons), un accroissement de l’effet de serre conduit à une augmentation des températures. À l’inverse, dans la stratosphère (couche de l’atmosphère au-dessus de la troposphère et allant jusqu’à 50 km d’altitude), une augmentation de la concentration en CO2 conduit à une diminution des températures, toutes choses égales par ailleurs. En pratique, la température de la stratosphère est surtout pilotée par la concentration en ozone (O3), elle-même influencée par les variations du rayonnement solaire et des réactions chimiques fonction de la composition atmosphérique.

François Gervais montre des mesures par satellite de température de la stratosphère. Il affirme que les « modèles du GIEC » devraient anticiper une variation maximale à ce niveau (sans dire clairement si cette variation devrait être une hausse ou une baisse de la température)[7] alors que les observations montrent très peu de variations sur les vingt dernières années. François Gervais y voit une preuve que la théorie de l’effet de serre est fausse. En vérité, les mêmes modèles du GIEC qui projettent une augmentation des températures en surface, montrent bien une stabilité des températures de la stratosphère sur les vingt dernières années. Les mesures mises en avant par François Gervais pour prétendre disqualifier les modèles, mais sans jamais présenter leurs résultats, apportent au contraire une validation supplémentaire : les « modèles du GIEC » reproduisent non seulement la hausse des températures en surface, mais aussi leurs variations dans la stratosphère.

Figure montrant les températures de la basse stratosphère (15-20 km) observée par satellite (rouge) et simulée par les modèles repris par le GIEC (bleu). Les simulations utilisent des forçages observés jusqu’en 2005, ce qui leur permet de reproduire correctement l’impact des éruptions volcaniques de 1982 et 1991. Les modèles ont bien anticipé la stabilisation des températures dans la stratosphère, alors que la hausse a continué dans la troposphère.

Le traitement médiatique

En quinze ans, la situation a beaucoup changé. Aujourd’hui, la grande majorité des journalistes fait état du consensus scientifique et n’invoque pas des forces obscures ou un grand lobby écologiste pour interpréter le consensus scientifique. Parmi les grands débats sociétaux, c’est plutôt une exception. Les lecteurs de Science et pseudo-sciences connaissent les errements des médias sur des sujets tels que les vaccins, l’homéopathie, les OGM ou l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé. Sur ces thèmes, la présentation dans les médias est malheureusement très loin de rapporter fidèlement l’état des connaissances scientifiques. On peut donc dire que, en ce qui concerne le climat, les scientifiques ont gagné le combat médiatique, alors que ce combat reste à mener sur de nombreux autres sujets.
Cette « victoire médiatique » est probablement due, au moins en partie, à l’existence du GIEC et, en particulier, à la rédaction d’un « résumé pour les décideurs » décrivant le consensus scientifique, en indiquant clairement le degré de confiance sur les différents sujets abordés. Ce document est accessible à un public large (la cible des résumés est de niveau « Terminale Scientifique ») et les journalistes peuvent donc s’y référer sans avoir à lire, comprendre et évaluer les publications originales qui ciblent un tout autre public. Faudrait-il envisager un équivalent du GIEC auquel on pourrait se référer sur des sujets tels que les OGM ou l’impact des ondes des téléphones portables sur la santé ?

Références

 1 | Les Chevaliers de l’Ordre de la Terre Plate sur realclimate.org

 2 | Climate model projections compared to observations sur realclimate.org, qui met régulièrement à jour une comparaison des projections climatiques passées au climat observé (en Anglais).

 3 Jean-Claude Bernier, « COP21 : le doute scientifique est-il encore possible ? », Actualités Chimiques, le bulletin de la Société Chimique de France, Juin 2016. Sur lactualitechimique.org

 4 Philippe Colomban, « CO2 mon amour », note de lecture sur le livre de François Gervais, « L’innocence du carbone. », Actualités Chimiques, le bulletin de la Société Chimique de France, Décembre 2018. Sur lactualitechimique.org

 5 | GIEC 2013 : Changement climatique. Les éléments scientifiques. résumé à l’attention des décideurs sur ipcc.ch

 6 | Dufresne, JL et J Treiner, L’effet de serre atmosphérique : plus subtil qu’on ne le croit ! ; La Météorologie, 72, Fev 2011.

 7 | François Gervais - L’urgence climatique est un leurre sur youtube.com à partir de la minute 40.

 
 

Un courrier de François Gervais envoyé à la rédaction


François Gervais, cité dans le texte de François-Marie Bréon, a fait parvenir à la rédaction le texte suivant. Nous le publions ici en intégralité au titre de la conception du débat qui est celle de l’Afis. Nous y répondons à la suite.

Juin 2019
Le courrier de François Gervais


Un Professeur des Universités émérite, ancien Directeur d’un Laboratoire du CNRS (UMR 6157 à l’Université de Tours), auteur de plus de 200 publications dans des revues internationales à comité de lecture [1] personnellement mis en cause dans les colonnes de l’AFIS appelle un droit de réponse. Ce qui semble reproché par un membre du dernier carré chargé, avec les représentants des Etats, de finaliser le Résumé pour les décideurs du dernier rapport AR5 du GIEC, est de ne pas faire la promotion de ce rapport. Dans la continuation du rôle d’expert reviewer de ce même rapport, il m’importe effectivement de continuer la critique de ses contradictions et de ses incohérences. Monsieur Bréon base son argumentaire sur deux exemples. Pour ma part, j’ai donné page 66 de mon dernier livre, L’urgence climatique est un leurre [2] trois exemples de recommandations que le GIEC a ignorées.

Répondons point par point aux deux exemples. Pour écrire « la tendance à long terme du réchauffement climatique est bien dans la fourchette anticipée par les modèles », Monsieur Bréon s’appuie sur l’accord entre modèles et observations durant la seconde moitié du vingtième siècle. Les modèles de climat ne sont pas construits ab initio. Ils comportent quantité de paramètres ajustables. Ils ont justement été paramétrés pour retrouver les observations de cette période, d’où l’accord évident, mais qui ne les valide pas pour autant ; des écarts à la réalité dans un sens ou dans un autre pouvant se compenser. Pour être validés, il faudrait qu’ils retrouvent aussi les observations antérieures et anticipent les évolutions suivantes. Ce n’est pas le cas entre 1998 et 2012 comme le reconnaît le GIEC. La figure suivante, TS14(a) extraite du rapport AR5, montre que les modèles ne sont pas du tout d’accord entre eux, même pour les courbes d’une même couleur correspondant à un même scénario d’émissions. À quel « spaghetti » faudrait-il alors faire confiance ? Les modèles projettent pour la plupart des températures nettement supérieures aux observations.

Pour assurer qu’à l’avenir il se trouvera au moins un modèle qui ne diverge pas trop des observations, il faudrait que le GIEC augmente encore la fourchette d’incertitude pourtant déjà de 1,5°C à 4,5°C pour la sensibilité climatique à l’équilibre, incertitude invraisemblable pour une projection fiable. Or, en dépit de moyens considérables, elle ne s’est pas réduite depuis 40 ans.

C’est évidemment cette « pause » qu’il est important de souligner en s’appuyant justement sur une figure extraite du propre argumentaire du GIEC, les autres n’apportant rien de plus que l’information sur la période de calage des modèles. Ce d’autant que la pause observée au début de ce siècle semble bien se prolonger depuis 20 ans si l’on fait abstraction du pic El Niño de 2016 que tout climatologue sait pertinemment être une fluctuation naturelle.

La température est montée de l’ordre de 1°C depuis le début du siècle dernier. Mais le GIEC évite de rappeler qu’elle est montée une première fois de l’ordre de 0,6°C de 1910 à 1945 alors que les émissions de CO2 étaient 6 à 10 fois inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui, car ce serait reconnaître une hausse essentiellement naturelle. Depuis 1945, la température n’est montée que de 0,4°C en trois quarts de siècles, ce qui n’apparait pas franchement le signe avant-coureur d’une catastrophe, et ce en dépit des émissions galopantes. La Terre largement colorisée en rouge à la fin de l’article de l’AFIS pour refléter l’évolution durant les 50 dernières années (période qui entre parenthèse commence comme par hasard durant le minimum observé dans la figure précédente) a connu la même amplitude d’évolution de 1910 à 1945, à une époque où les émissions étaient très inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui.

« Les modèles du GIEC reproduisent non seulement la hausse des températures en surface, mais aussi leurs variations dans la stratosphère » prétend Monsieur Bréon [3]. Non, nous venons de voir qu’en surface, en dehors de la période sur laquelle ils ont été ajustés, les modèles ne sont validés ni durant la période précédente (35 ans), ni dans la période postérieure (20 ans après prolongations).

« Dans la stratosphère, une augmentation de la concentration en CO2 conduit à une diminution des températures. » Justement, pourquoi cette diminution n’est-elle pas observée depuis un quart de siècle avec une « pause » qui là aussi se prolonge ? Les modèles l’anticiperaient ? Non, ils ont été « dopés » aux aérosols qui, on le voit au moment des éruptions volcaniques d’ampleur en 1983 et 1992, provoquent un effet réchauffant compensant la diminution de température attendue. Là encore, les modèles ont été ajustés aux observations mais on ne peut prétendre que celles-ci les valident pour autant.

Là où il est encore plus difficile de faire confiance aux modèles, c’est vers la tropopause sous les tropiques. Les modèles y prévoient un « point chaud ». Mais les mesures montrent là encore une platitude désespérante qui ne risque pas de les valider.

Quant au « dénialisme », qu’est-ce qui est dénié ? Que le climat change ? Non. Il a toujours changé. Rappelons qu’ont été qualifiées « d’optimum » des périodes plus chaudes aux époques médiévales ou minoénnes. Que les émissions de CO2 contribuent à une variation de température ? Non, comme le confirment les titres de mes travaux publiés sur le sujet [4]. Dans quelles proportions toutefois ? Toute la controverse est là. Le dernier rapport AR5 du GIEC lui-même reconnait des incertitudes considérables sur la température et sur la hausse du niveau des océans dans son tableau SPM.2. Ce qui en revanche est effectivement dénié c’est que les velléités de politiques de réduction massive des émissions françaises de CO2 changeront quoi que ce soit de mesurable à la température de notre planète. En effet, le taux de CO2 dans l’air est passé de 0,03 % à 0,04 % en un siècle, chiffres qu’il convient constamment de rappeler car même des enseignants l’ignorent. Grâce à cette augmentation, la biomasse végétale s’est accrue de l’ordre de 20 % entraînant un verdissement de la Planète, observé en particulier par satellites, l’équivalent d’un sixième continent vert de 18 millions de kilomètres carrés [5]. La France n’est responsable que de 0,9 % de ce 0,01 % supplémentaire. En reprenant la valeur basse, 1°C, de la sensibilité climatique transitoire (échauffement au moment d’un doublement du taux de CO2 dans l’air) fournie par le GIEC, réduire de 20 % les émissions française comme c’était l’objectif initial du paquet climat européen éviterait à la Planète de se réchauffer de l’ordre de 20 % x 0,01 %/0,04 % x 0,9 % x 1°C = 0,0004°C.

Même si l’on prend la valeur haute de la fourchette d’incertitude du GIEC, 2,5°C, sans doute exagérée si l’on se réfère à l’écart grandissant des projections des modèles face aux observations depuis 20 ans, le réchauffement évité resterait de l’ordre de 20 % x 0,01 %/0,04 % x 0,9 % x 2,5°C = 0,001°C.

Cet écart est toujours trop faible pour être mesurable. Parallèlement, les efforts de la France et de l’Europe sont contrés frontalement puisque les autres pays, à l’exception des États-Unis, augmentent leurs émissions dans des proportions autrement considérables et qui s’accélèrent pour certains comme l’Inde ou la Chine.

N’y a-t-il pas matière à dénier ? Et surtout à tempérer l’anxiété dangereusement propagée en particulier auprès de la jeune génération ?
Tout débat est précieux, surtout quand il est mené de bonne foi.

François Gervais, Professeur émérite à l’Université de Tours

[1] www.univ-tours.fr/site-de-l-universite/m-francois-gervais--235229.kjsp
[2] www.editionsdutoucan.fr/livres/essais/lurgence-climatique-est-leurre
[3] Quelques liens vers des prises de position de Monsieur Bréon :
www.world-nuclear-news.org/V-Environmentalists-appeal-to-Macron-for-nuclear-0406171.html
www.liberation.fr/planete/2018/07/29/francois-marie-breon-la-lutte-pour-le-climat-est-contraire-aux-libertes-individuelles_1669641
www.franceculture.fr/ecologie-et-environnement/le-nucleaire-divise-les-specialistes-du-climat-en-france
twitter.com/fmbreon/status/1073228039721533440
[4] Gervais, F., 2016. "Anthropogenic CO2 warming challenged by 60-year cycle". Earth-Science Reviews 155, 129-135 – Gervais, F., 2014. "Tiny warming of residual anthropogenic CO2". Int. J. Modern Phys.B 28, 1450095.
[5] Zhu, Z., et al, 2016. "Greening of the Earth and its Drivers". Nature Climate Change doi:10.1038/nclimate3004

Le commentaire de François-Marie Bréon


Dans l’article auquel François Gervais fait référence, j’avais donné deux exemples de ce qui me semble être des procédés contestables de sa part.

Dans le premier exemple, je montre qu’il présente une figure tronquée extraite d’un rapport du GIEC pour faire croire que la hausse des températures prévues par les modèles est bien supérieure à ce qui est réellement observé. François Gervais ne conteste pas que la figure est tronquée. Mais il affirme que les autres périodes présentées ne sont pas valides pour évaluer la validité des modèles de climat puisque ceux-ci ont été « paramétrés pour retrouver les observations de cette période ». C’est là une erreur de sa part. D’ailleurs, le lecteur pourra vérifier que les simulations climatiques faites dans les années 1980 et 1990 ont bien anticipé la hausse des températures de ces 25 dernières années [1].

Je note aussi que François Gervais demande à ce que on « fasse abstraction du pic El Niño de 2016 » mais qu’il ne semble pas avoir la même exigence pour le pic El Niño de 1998 qui a un impact fort sur la tendance calculée sur la période 1998-2012. Et non, contrairement à ce que affirme François Gervais, on ne peut certainement pas dire que « la pause observée au début de ce siècle semble bien se prolonger depuis 20 ans » [2,3].

Dans le second exemple, je conteste une affirmation de sa part selon laquelle la stabilité des températures dans la stratosphère sur les vingt dernières années invalide les modèles du GIEC. Je montre que les dits modèles montrent bien une stabilité des températures à ce niveau, en accord avec les observations.

Manifestement, François Gervais n’avait pas analysé ce que les modèles indiquent pour ce niveau. Du coup, il pose la question « pourquoi cette diminution n’est-elle pas observée depuis un quart de siècle » alors que mon petit texte donnait la réponse (en fin du premier paragraphe sur « l’effet de serre »). Et non, contrairement à son affirmation, « les modèles [n’]ont [pas] été ajustés aux observations ». Son discours évolue manifestement puisque là où il voyait une observation qui invaliderait les modèles, il dit maintenant qu’elle ne peut pas être utilisée pour les valider.

Je ne réponds pas ici aux longues digressions de François Gervais qui sont sans rapport avec mon article auquel il a souhaité apporter une réponse.

Juin 2019

[1] http://www.realclimate.org/index.php/climate-model-projections-compared-to-observations/
[2] https://crudata.uea.ac.uk/~timo/diag/tempts_12monrunning_global.png
[3] http://www.columbia.edu/~mhs119/Temperature/globalT_2parts_1951-1980base.pdf

2 L’imposture climatique ou la fausse écologie, Claude Allègre, Dominique de Montvalon, Plon, 2010, ISBN : 2259209858

3 Ma vérité pour la planète, Claude Allègre, Plon 2007, ISBN : 2259206751