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Les OGM à l’épreuve des arguments

Publié en ligne le 6 mars 2013
Les OGM à l’épreuve des arguments

Valérie Péan et Sylvie Berthier
Éditions Quae, 2011, 218 pages, 28 €

Prévenons l’acheteur potentiel de cet ouvrage (coordonné par deux animatrices de « débats » de la mission Agrobiosciences – Midi Pyrénées), il ne s’agit pas d’une introduction aux OGM, mais plutôt d’une base de réflexion pour lecteurs avertis souhaitant prendre de la hauteur face aux « arguments » propagés sur cette innovation agricole. L’ouvrage rend compte des échanges entre personnalités de tous horizons, lors de cinq tables rondes sur les thèmes suivants : « l’état de la société », « état des sciences du vivant », « approche philosophique » (un regret ici : il s’agit en fait, de celle de deux philosophes d’obédience écolo-technophobo-post-moderne, qui étalent des fantasmes sur la « technoscience », la « convergence NBCI » et « le transhumanisme », mais qui aussi reconnaissent « que la distinction nature/artifice ne tient pas la route » concernant les OGM), « approches juridiques et économiques » et « expertise et procédures démocratiques ». Les intervenants sont généralement brillants et le compte-rendu est de bonne facture.

Dans la seconde partie, les « lignes de fractures », sont exposées sur des thèmes majeurs de la querelle des OGM : risques et incertitudes, manipulations de l’opinion, liberté/dépendance, seuils de tolérance des présences fortuites, intérêt des OGM et pour qui. Il apparaît ainsi clairement que la plupart des concepts, par exemple « la liberté de produire avec ou sans OGM » et le choix des seuils de tolérance qu’elle implique, sont en fait utilisés par les anti-OGM, non pour coexister, mais pour éradiquer les OGM, rendant vain tout « débat ». Le lecteur, si ce n’était déjà le cas, déduira des positions des uns et des autres que la querelle est avant tout politique.

Les deux coordinatrices, même si elles s’en défendent, avaient manifestement envie de faire émerger des points de consensus et des terrains d’entente entre protagonistes. Espoir déçu, mais cela n’enlève rien à la richesse de l’ouvrage.