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Les banques investissent les cellules souches

Publié en ligne le 24 juillet 2006 -
par Danny Raymond

Entreposez pendant 25 ans les cellules souches prélevées dans le sang du cordon ombilical de votre bébé. Coût : 2600 $ CAN. Une compagnie anglaise émettait même durant les Fêtes des certificats-cadeaux ! Est-ce sérieux ?

Pour Héma-Québec, qui gère depuis 2004 la première banque publique du genre, la conservation de tels échantillons pour soi (banque autologue) demeure une illusion au service du marché.

Martin Champagne, spécialiste des transplantations de moelle osseuse à l’hôpital Saint-Justine, mentionne qu’il n’existe actuellement aucune preuve scientifique favorisant les banques autologues. « Des données démontrent le risque potentiel de contamination du sang de cordon » dès la période utérine, soutient-il. « À ma connaissance, deux transplantations autologues seulement ont été réalisées avec succès sur un échantillonnage mondial évalué à 200 000 prélèvements. »

Une banque publique comme Héma-Québec doit se soumettre à une réglementation stricte qui rendent fiables les normes de gestion et de conservation des cellules souches. Mais dans le cas du privé, une banque reste une banque. Avant de magasiner une banque privée de sang de cordon, Martin Champagne suggère de poser les bonnes questions sur les méthodes de conservation du sang, la quantité prélevée, la concentration minimale en cellules souches et son mode de transport.

Imaginez devoir recourir immédiatement au sang de cordon de votre petit-fils. Le contenu a-t-il été transporté dans une boîte FedEx 1 jusqu’au laboratoire, après avoir subi de nombreux scanner aux rayons X pouvant empêcher les cellules de proliférer ? En a-t-on prélevé les 85 millilitres nécessaires à une transplantation ? Connaît-on les techniques de congélation utilisées ?

Pour le docteur Champagne, ces questions restent cruciales pour savoir si une compagnie respecte les normes comme celles en vigueur à Héma-Québec. « Seulement 25 % du sang de cordon prélevé chez nous contient une dose suffisante de cellules transplantables ».

Le problème à ses yeux, est que les gens misent beaucoup sur les promesses que fait miroiter la recherche mondiale sur les cellules-souches. Les compagnies privées ne se gênent pas pour exploiter cette piste. « Leurs techniques de marketing misent sur la régénération possible du cœur, cerveau, etc. Cette approche s’apparente plus à la science du canal Z ou du Space Channel qu’à des données solides à l’appui des chances réelles de guérison chez les patients », lance M. Champagne.

Dans l’autre camp, Colin McGuckin, professeur de médecine regénérative de l’Université de New Castle en Angleterre, fait au contraire miroiter ce potentiel. « Les transplantations autologues ont donné d’excellents résultats chez certains animaux et dans quelques cas de transplantation de moelle osseuse dans le traitement d’un infarctus du myocarde (crise de cœur) ».

Il souligne que la présence du secteur privé est tout à fait justifiée et même nécessaire, tant que les gouvernements occidentaux n’injecteront pas suffisamment d’argent pour développer les banques publiques de sang de cordon.

Au Québec, la création d’une telle banque publique repose sur le principe d’universalité des soins de santé. La gestion de la banque coûte à l’État deux millions de dollars annuellement. Héma-Québec s’occupe exclusivement de la gestion des dons. En 2005, 392 échantillons ont été prélevés et plus d’une centaine de sangs de cordon sont disponibles en inventaire.

Les hôpitaux Sainte-Justine et St-Marys sont les deux seuls centres au Québec à prélever du sang de cordon.

Pourquoi du sang de cordon ombilical ?

Les cellules-souches sont des cellules qui ne se sont pas encore spécialisées et qui, de ce fait, pourraient en théorie être greffées dans un cœur ou un poumon malade et devenir des cellules cardiaques, ou pulmonaires, saines. La greffe de cellules souches contenues dans le sang de cordon constituerait une alternative à la greffe de moelle osseuse, parce qu’elle ne provoque aucune douleur et qu’elle serait apparemment plus prometteuse contre certains types de leucémies, de dysfonctionnement de la moelle osseuse et quelques maladies génétiques.
Avant la greffe, le patient reçoit un double traitement choc (radiothérapie et chimiothérapie). L’objectif : faire table rase du système immunitaire avant de le reconstruire avec du nouveau sang.

Seule une personne ayant un poids inférieur à 50 kg pourra recevoir 85 millilitres de sang. Selon le vice-président des affaires médicales à Héma-Québec, Gilles Delage, les recherches se poursuivent pour offrir le même traitement aux adultes.

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