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Michel Rouzé (1910-2004)

Publié en ligne le 27 novembre 2008 - AFIS -
Adaptation d’un article de J. Poustis par M. Naud - SPS n° 262, mai 2004

Notre ami Michel Rouzé, journaliste, président-fondateur de l’Afis, nous a quittés le 18 février 2004, à l’âge de quatre-vingt treize ans.

Michel Koczynski (que nous connaissons le plus souvent sous le nom de son pseudonyme journalistique Rouzé) est né le 27 août 1910 à Paris de parents immigrés polonais.

Après des études littéraires supérieures et son service militaire il participe activement en Algérie à la création du journal Oran Républicain (1937-1939) dont il devient le premier rédacteur en chef.

En 1939, il devient correspondant à Paris des deux quotidiens Oran Républicain et AlgerRépublicain.

Mobilisé lors de la déclaration de guerre de 1939, il est fait prisonnier, s’évade en 1942, rejoint les Forces Françaises Combattantes, ce qui lui vaudra la Médaille de la Résistance. Son activité, avec le grade de lieutenant, dans les services spéciaux de la France Libre lui vaudra la Croix de Guerre avec Etoile d’argent par décision du Général de Gaulle.

Rédacteur en chef d’Alger Républicain de 1943 à 1948. Rédacteur en chef adjoint, sous la direction de Louis Aragon, du journal Ce Soir, de 1948 à 1953, poste auquel une incompatibilité avec le « camarade Staline » met fin et ouvre une période de chômage contraint.

De 1954 à 1962, il collabore à la revue mensuelle Horizons en complétant ses fins de mois comme visiteur médical (1955-1956).

De 1957 à 1966 il assume le poste de rédacteur en chef de la revue mensuelle Diagrammes où il se forme définitivement au métier de journaliste scientifique.

De 1964 à 1966, il anime le Magazine des sciences à l’ORTF. De 1966 à 1968 il devient chroniqueur régulier des revues Constellation et Sciences-Progrès-Découvertes. En novembre 1968, il créait la revue de l’AFIS, dont les lecteurs se constituaient quelques années plus tard en association, la nôtre. Très attaché à l’association des journalistes scientifiques de la presse d’information, il en fut longtemps le trésorier. Ayant mené ce qu’il avait appelé lui-même, lorsque l’AFIS avait célébré son quatre-vingt dixième anniversaire, une « vie normale d’homme passionné par ce qu’il faisait » il a, comme nous l’a dit sa nièce en nous apprenant la nouvelle, « tenu de toutes ses forces à vivre comme un combattant jusqu’à la limite du possible ».

Première rencontre avec la doctrine homéopathique


Michel Rouzé, Mieux connaître l’homéopathie, éditions La Découverte,1989. Extrait de l’introduction, pages 9 et 10.

A cette époque 1, il m’avait fallu abandonner pour quelques mois mon métier de journaliste […] Un ami qui gagnait sa vie comme visiteur médical me suggéra de répondre à l’offre d’emploi d’un obscur laboratoire de Monaco […] Je commençais mes journées en feuilletant le Rosenwald, qui est l’annuaire des médecins. Je notais cinq ou six adresses qui dessinaient un itinéraire rationnel, et je me mettais en route tête basse, traînant ma mallette pleine d’échantillons de pharmacie et ma mauvaise conscience de prendre aux médecins un temps qu’ils devaient à leurs malades […] Il y avait pourtant de bonnes surprises. Comme le jour, où le médecin, m’offrant cordialement un fauteuil, entreprit de me vanter les mérites d’une thérapeutique que je ne connaissais sans doute pas : l’homéopathie. Effectivement, je n’en avais alors qu’une vague idée. Avec la patience d’un militant, mon interlocuteur me fit tout un cours. Et me donna à feuilleter des ouvrages spécialisés […] Mon œil fut accroché par Lac caninum […] « Lait canin », lait de chienne. Le catalogue le disait : Lac canimum soulageait les infortunés dont le sommeil était troublé par des cauchemars où ils voyaient des serpents.

A peu de temps de là mon laboratoire me congédia […] Une revue m’offrit de prendre mes articles sans m’imposer ce que je devais penser. C’est ainsi que j’ai remis le pied à l’étrier, je veux dire la main à l’encrier, et je ne l’ai jamais quitté depuis. J’ai écrit sur des tas de sujets. Mais ce lait de chienne me trottait dans la tête. Je me suis arrangé pour en savoir un peu plus long sur l’homéopathie, à une époque où l’on en parlait beaucoup moins qu’aujourd’hui. Je n’ai pas expérimenté Lac caninum sur moi-même. J’ai la chance de rêver de choses bien plus agréables que de reptiles.

M.R.

Les photos de cet article font partie des archives de la famille de Michel Rouzé. Monique Hoa, sa nièce, nous les a aimablement communiquées, nous l’en remercions vivement.

Témoignages Yves Galifret, Jean-Claude Pecker, Philippe Cousin, Albert Jacquard

1 1955-1956. NDLR

Publié dans le n° 262 de la revue


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