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Nanoparticules et ondes radio pour soigner

Publié en ligne le 16 janvier 2013 - Médecine -

L’insuline est une hormone sécrétée par certaines cellules du pancréas. Elle régule le taux de glucose circulant qui est particulièrement élevé pendant la digestion ou après absorption de sucre. L’insuline fait alors baisser le niveau de glucose sanguin et induit son stockage sous forme de graisse et de glycogène. Les patients souffrant de diabète de type 1 ont un déficit en insuline. Ils doivent donc s’injecter de l’insuline avant les repas pour éviter les méfaits d’un excès de glucose prolongé dans le sang. Ces effets de l’insuline doivent être transitoires pour maintenir la concentration de glucose à 1 gramme par litre de sang et éviter ainsi de placer les patients en état d’hypoglycémie. Cette régulation se fait d’elle-même chez les individus normaux car la diminution du taux de glucose dans le sang se traduit par une diminution de la sécrétion d’insuline.

Pour éviter les désagréments de ces injections répétées, toutes sortes de procédés sont testés. Le dernier en date fait intervenir des nanoparticules et des ondes radio [1]. Des nanoparticules d’oxyde de fer auxquelles sont liés des anticorps capables de reconnaître et de se fixer spécifiquement sur un type de cellules particulier ont été administrées à des animaux expérimentaux. Ces cellules ont été génétiquement modifiées au préalable pour contenir le gène de l’insuline placé sous la dépendance d’un inducteur spécifique, le calcium. Sous l’action d’ondes radio dirigées vers la partie de l’animal où se trouvent les cellules, les nanoparticules se réchauffent, ce qui a pour effet de provoquer une augmentation locale de la température. Ceci induit une entrée de calcium dans les cellules ciblées. Le calcium stimule des mécanismes intracellulaires qui se traduisent par une activation du gène de l’insuline. L’augmentation de la sécrétion d’insuline diminue le taux de glucose chez les animaux et ce phénomène est réversible lorsque les ondes radio ne sont plus appliquées. Une autre version de la technique, plus sophistiquée encore, consiste à faire en sorte que les cellules synthétisent elles-mêmes des nanoparticules contenant du fer lié à une protéine intracellulaire, la ferritine. Ces particules n’ont pas besoin d’être ciblées vers les cellules des anticorps puisqu’elles y sont déjà. Les nanoparticules se réchauffent sous l’influence d’un champ magnétique, ce qui stimule la synthèse et la sécrétion d’insuline comme dans le cas précédent. Ces expériences laissent penser que le diabète et d’autres pathologies pourraient être traités par ce type de méthodes. De quoi faire perdre aux nanoparticules et aux ondes électromagnétiques les caractères maléfiques qu’on leur prête depuis quelques temps.

[1] Stanley S.A. et al, (2012) Radio-Wave Heating of Iron Oxide Nanoparticles Can Regulate Plasma Glucose in Mice. Science, 336 : 604-8.