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Pollution nitrique de l’eau

Publié en ligne le 31 mai 2014 - Environnement et biodiversité -

Les bonnes nouvelles n’intéressent pas les médias, c’est bien connu. Est ainsi passée inaperçue la baisse de la pollution par les nitrates d’origine agricole enregistrée par l’INRA par des expérimentations dans l’Aisne. Depuis 24 ans, des données sont acquises afin d’évaluer les teneurs moyennes de l’eau à l’entrée (eau de percolation) et à la sortie (eau de captage) du système aquifère. Alors que la teneur en nitrate des sources captées avait continué à augmenter (en dépassant parfois 60 mg/l à la fin des années 90), elle a diminué à 50 mg/l. La teneur en nitrate de l’eau de percolation se révèle entre 1,5 à 2 fois plus faible que celle estimée pour la période antérieure à 1990. Bien sûr, c’est faible, en apparence, mais c’est en fait significatif en raison de l’existence d’une forte inertie temporelle liée au temps de transfert du nitrate dans les milieux aqueux.

Celle-ci se compte en décennies. Les scientifiques attendent ainsi une amélioration des valeurs d’ici une trentaine d’années pour les eaux de sources.

Outre l’amélioration des pratiques agricoles, il serait aussi possible d’agir sur les plantes cultivées. C’est-à-dire diminuer les apports nécessaires en nitrate dans les champs (tout en maintenant le rendement des cultures). Cela passe par « mieux comprendre la réponse des plantes à l’apport en azote », selon l’INRA. Ainsi des chercheurs de l’Inra Versailles-Grignon et de l’ENS-Paris ont mis en évidence le rôle d’un gène codant un facteur de transcription (c’est-à-dire qui contrôle le fonctionnement d’autres gènes) dans la réponse précoce des plantes au nitrate. Travaux publiés en 2013 dans la revue Nature Communications.

La com’ de l’INRA explique ainsi que « cette découverte ouvre des perspectives intéressantes pour une meilleure maîtrise de la réponse des plantes à la disponibilité en nitrate ». Évidemment, la découverte doit rester politiquement correcte et ne pas suggérer qu’une « perspective intéressante » serait la mise au point d’OGM améliorant l’efficacité de l’utilisation de l’azote par les plantes !

Publié dans le n° 307 de la revue


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L' auteur

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire de Physiologie Cellulaire Végétale (...)

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