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Repas de famille

Publié en ligne le 19 août 2006 -
par Isabelle Burgun

Ils ne peuvent se retenir de finir leur assiette, ou ont faim tout le temps, ou n’arrivent pas à entamer un régime... Il ne s’agit pourtant pas d’une question d’appétit mais de mauvais comportements alimentaires, majoritairement appris en famille. Au point où « les interventions en nutrition devraient cibler les familles plutôt que seulement la mère ou l’enfant obèse », affirme Simone Lemieux.

L’objectif de l’étude que vient de compléter ce professeur à l’Institut des aliments fonctionnels et nutraceutiques de l’Université Laval était d’évaluer la ressemblance familiale dans les comportements alimentaires. Pour cela, l’équipe a questionné 202 familles québécoises - 282 hommes et 404 femmes - sur leurs habitudes, s’intéressant particulièrement à la volonté de se restreindre, la désinhibition alimentaire (tendance à surconsommer à la suite de différents stimulis, comme les émotions) et la susceptibilité à la faim (ou perception d’être constamment affamé). Les chercheurs mettaient en perspective comportements, indice de masse corporelle et liens familiaux.

Je mange comme maman

Les résultats, parus dans la revue Obesity Research, montrent une corrélation entre les parents et leurs enfants particulièrement pour la désinhibition alimentaire et la susceptibilité à la faim. Les mères transmettent de nombreux comportements alimentaires, particulièrement lorsqu’il s’agit de filles, relève d’ailleurs Simone Lemieux. Cette tendance s’avère également forte entre les époux, qui ont tendance à adopter la même attitude face à la nourriture.

Ce que la chercheure appelle « l’héritabilité généralisée » atteint 6 % pour la restriction cognitive, 18 % pour la désinhibition alimentaire et 28 % pour la susceptibilité à la faim. La perception d’avoir toujours faim représente ce à quoi les répondants affirment être le plus vulnérables : « j’ai tout le temps faim », « je n’ai pas de contrôle sur mon appétit », « j’aimerais avoir un spécialiste qui me dirait quoi manger », etc.

La transmission se fait d’autant mieux lorsque la mère est de type restrictive. « La maman "contrôlante" détermine la quantité de nourriture à manger et insiste pour que l’enfant termine les brocolis. Elle va créer une situation où l’enfant mange même lorsqu’il n’a pas faim », explique Simone Lemieux qui condamne également les parents qui punissent ou récompensent leur enfant par le biais de la nourriture. « C’est leur transmettre une mauvaise image de ce que signifie manger ».

Selon elle, la meilleure manière de nourrir son enfant est d’offrir des aliments de qualité sans forcer sur la quantité. Il faut également surveiller ses propres travers car les enfants imitent. Si le parent grignote entre les repas, boude le lait ou engloutit une tablette de chocolat pour gérer son stress, l’enfant ne pourra être blâmé de faire la même chose.


Mots-clés : Psychologie


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