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Tout ce qui est possible existe

Publié en ligne le 9 août 2016 - Statistiques et probabilité -

Toujours l’attendu et l’inattendu arrivent…

« Rien n’est trop beau pour être vrai si les lois de la nature le permettent » a écrit Michael Faraday. Le phénomène reste étonnant : tout ce que nous pouvons faire, nous le faisons. Dès le moment où la statistique de Bose-Einstein ne l’interdisait pas, on a su concevoir et réaliser l’amplification stimulée de photons. Et même plus : découverte en laboratoire, cette amplification a été observée dans la nature, il existe des masers dans l’espace interstellaire (fait cosmique…). Similairement, la présence calculée d’une particule élémentaire a toujours été confirmée, comme les éléments de la classification de Mendeleïev, les transmutations nucléaires, les ondes gravitationnelles, etc.

Les exemples abondent, toujours l’attendu arrive et quand il ne se produit pas, cela est paradoxal : Fermi s’est étonné que l’on n’ait pas décelé la présence de civilisations extraterrestres que rien n’exclut : en évaluant les probabilités, Fermi pensait que nous aurions dû observer la présence de ces cultures avancées par des signatures incontestables émises par une planète de notre galaxie. Ce serait un hasard extraordinaire que parmi les habitants de l’Univers, nous soyons les premiers à vouloir communiquer. Mais cette remarque nous entraîne dans un vertige logique : il faut nécessairement qu’il y ait un premier, et ce pourrait être nous.

D’un autre côté, si nous captions les messages d’une autre planète dont la technologie serait suffisante pour communiquer, il semble logique, étant donné la taille de l’Univers, qu’il y en ait beaucoup d’autres, voire une infinité. Ainsi, depuis que Michel Mayor et ses collègues ont découvert la première exoplanète, on en a repéré plein d’autres. Notre rude tâche est de détecter une deuxième planète communicante, sans succès jusqu’à présent. Ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Notre propos incident, plus modeste, résulte d’une constatation psychologique : si nous tirons trois fois un double 6 ou trois carrés dans trois mains successives de poker, nous serons accusés de tricherie. La suspicion est légitime, pourtant aussi faibles que soient les probabilités de tels événements, ils doivent se produire (aux limitations près fixées par la durée de l’Univers et sa taille). Nous avons tous vécu des coïncidences « incroyables » qui n’auraient été crues par aucun jury. Nombre d’erreurs judiciaires résulteraient de l’incrédulité que ce qui « peut arriver », arrive.

Il est désespérant que les mathématiques ne puissent décider si les apparitions consécutives de doubles 6 sont frauduleuses ou une fluctuation statistique naturelle...

Publié dans le n° 316 de la revue


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L' auteur

Philippe Boulanger

Philippe Boulanger est physicien et fondateur de la revue Pour la Science. Il est membre du comité de parrainage (...)

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