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Toxic Story

Publié en ligne le 31 juillet 2017
Toxic Story
Deux ou trois vérités embarrassantes sur les adjuvants des vaccins

Romain Gherardi
Actes Sud, Questions de santé, 2016, 252 pages (dont 70 d’annexes), 21 €

Chef de service du Centre de pathologie neuromusculaire de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, Romain Gherardi est intervenu dans de nombreux médias pour exposer sa thèse. En résumé : l’aluminium utilisé comme adjuvant dans les vaccins s’accumule dans les muscles et le cerveau. Il est la cause d’une affection que le Pr Gherardi a appelé la myofasciite à macrophages. Celle-ci serait une clé pour comprendre plusieurs tableaux cliniques encore énigmatiques, comme le syndrome de fatigue chronique ou celui dit de la guerre du Golfe. Le Pr Gherardi le répète plusieurs fois dans Toxic Story, il se bat quasiment seul sur cette ligne de front. L’immense majorité de la communauté scientifique ne le suit pas dans ses conclusions. Les agences sanitaires ne tiennent pas compte de ses travaux et les industriels les contestent formellement.

Selon lui, c’est un complot. « Les industriels tirant les ficelles » ne veulent « pas mettre en cause la sécurité des adjuvants – pour toutes sortes de raisons » (p. 164), que le livre ne détaille pas, évoquant simplement la peur du scandale. De leur côté, « les autorités sanitaires, noyautées par les industriels, sont délibérément hostiles à toute recherche sur les adjuvants » (p. 164).

Ce sont évidemment des accusations très graves. Le livre présente de nombreux indices qui les étayent. Il énumère des coïncidences troublantes. Néanmoins, il n’apporte, à proprement parler, aucune preuve de ce qui serait un complot international impliquant des laboratoires et des hauts- fonctionnaires de plusieurs pays. « On » serait allé jusqu’à faire disparaître « les dossiers de vaccination individuels de chaque soldat » américain engagé dans la première guerre du Golfe.

Le Pr Gherardi le dit clairement : alors qu’il travaille sur cette affaire depuis 1993, il n’a pas démontré scientifiquement les dangers des adjuvants à l’aluminium. Il n’est pas davantage en mesure d’expliquer « le déséquilibre entre le nombre énorme de vaccinés et le nombre relativement faible de cas de myofasciites à macrophages » (p. 153). Pour lever le voile, il faudrait une vaste étude épidémiologique, impossible à réaliser sans financements, financements qui lui seraient refusés sous la pression des industriels. L’auteur referme ainsi la boucle : l’absence de preuve scientifique devient la preuve du complot.

Le Pr Gherardi parle de ses patients avec beaucoup d’humanité et sa bonne foi semble évidente. Mais, en toute bonne foi également, il est extrêmement difficile de le suivre dans sa démonstration. Son livre et ses interventions dans les médias montrent que la conspiration du silence, si tant est qu’elle existe, est inefficace.

La France est le pays de Sanofi, leader mondial des vaccins (jamais nommé dans le livre). Il serait naïf de penser qu’il n’y a pas d’interpénétration entre les industriels et les autorités de régulation. Mais il est encore plus naïf d’imaginer que des industriels pourraient imposer pendant vingt-cinq ans une omerta planétaire, y compris dans des pays étrangers qui n’ont aucune raison de les ménager.