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Un monde fou, fou, fou : décembre 2006

Publié en ligne le 18 juin 2008 - Rationalisme -
SPS n° 275

Yves Lignon fustige une voyante

Yves Lignon, enseignant en statistiques à l’université du Mirail à Toulouse, est un parapsychologue militant, à l’origine du petit groupe de travail qu’il a appelé « Laboratoire de parapsychologie ». Monsieur Lignon a deux habitudes : défendre ses amis du paranormal, comme Bertrand Méheust, et attaquer en justice les scientifiques, comme G. Charpak et H. Broch. Vous pouvez lire sur notre site internet le compte-rendu détaillé de ce procès par Laurent Puech.

Mais Y. Lignon ne s’arrête pas là : il attaque aujourd’hui une voyante qui a osé le critiquer dans son livre (sans le nommer !), voyante qui, de plus, ose faire la promotion de son dernier livre Si je mens je vais en enfer, sur les ondes de Sud Radio. Au lieu de la laisser gagner paisiblement l’enfer, Yves Lignon menace de saisir le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel si la station « ne se démarque pas de la voyante ».

À user et abuser d’orgueil et d’autoritarisme, notre parapsychologue préféré, un jour, s’étouffera.

Source : Dépêche du midi du 3 novembre 2006

Agnès Lenoire

L’épinard bio qui tue

Une filière bio, implantée en Californie, la Natural Selections Food L.L.C, fait face à de graves plaintes devant les tribunaux au sujet d’une contamination d’épinards bio par la bactérie Escherichia Coli de sérotype 0157:H7, type très pathogène pour l’intestin. La consommation de ces épinards bio a causé un décès, 23 cas d’insuffisance rénale et 150 hospitalisations.

C’est le procédé même des cultures bio qui est ici responsable des infections. En effet les agriculteurs bio se targuent de n’utiliser, comme substitut des fertilisants de synthèse – honnis de ces chevaliers de la nature –, que des composts d’origine animale. On sait pourtant qu’ils peuvent contenir des bactéries dangereuses pour l’homme, comme la fameuse Escherichia coli. Les filières bio fabriquent leur compost « maison », et la difficulté est alors d’en éliminer les bactéries pathogènes avant de le répandre. Pour détruire la plus grande partie des micro-organismes dangereux, le compostage doit durer 6 mois ! Aucune réglementation ne leur imposant ce délai, les agriculteurs bio peuvent utiliser leur fumier fertilisant dès qu’il est fabriqué. Ils sont même poussés à l’utiliser rapidement puisqu’il est ainsi plus riche en azote et plus efficace.

C’est ainsi qu’une culture bio est 6 fois plus susceptible de contamination par Escherichia coli qu’une culture traditionnelle.

Source : A & E, octobre 2006, article de Gil Rivière-Wekstein

A.L.

Dangereux homéopathes

Non contents de vendre des traitements à l’efficacité douteuse pour des affections bénignes, des homéopathes proposent des gélules contre... la malaria. Les ventes, effectuées via Internet, ont été dénoncées cet été par un organisme de charité britannique, qui fait la promotion des sciences. Sur 10 praticiens de l’homéopathie faisant la promotion de leurs « traitements » contre la malaria, aucun n’a proposé de traitements plus conventionnels ni suggéré de précautions élémentaires (comme une moustiquaire autour du lit). « Vendre des remèdes homéopathiques contre le rhume des foins ou les maux de tête, c’est une chose, mais ici, on parle de vie ou de mort », s’indigne l’organisme Sense About Science.

ASP

Une bouteille met les voiles

Au large de l’Écosse, une petite fille avait jeté à la mer une bouteille contenant un message, avec l’espoir qu’elle serait trouvée en Scandinavie. Elle aurait eu la surprise d’apprendre qu’elle avait été découverte en Nouvelle-Zélande, de l’autre côté de la planète. Le journal The Independent rapporte qu’un petit garçon, James Wilson, dans l’île nord de la Nouvelle-Zélande, ayant trouvé la bouteille, lui aurait répondu.

Les scientifiques ont un doute sur la réalité du phénomène, et pour cause ! Il aurait fallu que cette bouteille parcoure 32 000 km en 47 jours, à une vitesse moyenne de 25 km/h, c’est-à-dire aussi vite qu’un navire de croisière. Bill Turrell, scientifique du laboratoire de la station de recherches halieutiques 1 d’Aberdeen (nord-est de l’Écosse), affirme qu’il n’était absolument pas possible à cette bouteille d’arriver en Nouvelle-Zélande par ses propres moyens.

Un mythe tombe. Et le rêve de la petite fille ?

Source : msn Actualités, rubrique Insolite

A.L.

L’eau qui ne fait pas engraisser

À ajouter à la longue liste des attrape-nigauds : Jana, qui vend sur Internet son « eau sans calorie ». À peine 43,20 dollars pour 24 bouteilles. Frais d’envoi non inclus.

Opération « terre creuse » annulée

Steve Currey, promoteur de la thèse de « terre creuse » est décédé en juillet 2006 d’une tumeur cérébrale. Il avait réussi à réunir le quota minimum de participants pour une expédition en 2007 en quête du passage polaire vers la terre creuse, à bord d’un brise-glace nucléaire russe. L’expédition sera remboursée à ceux qui s’étaient engagés à partir, à moins qu’un autre disciple reprenne l’organisation de ce voyage.

Les adeptes du concept de terre creuse ne croient pas seulement à une forme particulière de la terre, mais souscrivent aussi à d’autres croyances associées, comme celle que des habitants nous attendent sous la terre, histoire de remplir un peu le vide ainsi créé : « Ce qui est au dehors est comme ce qui est au dedans. ». Ils croient aussi que les icebergs, faits d’eau douce, sont issus de rivières internes, et que les mammouths étaient des êtres de l’intérieur de la terre.

Source : http://www.erenouvelle.com/newsagah.php

A.L.

Jean Staune contre les matérialistes

Voici quelques extraits commentés d’un texte rédigé par Jean Staune 2, publié sur son site web le 21 septembre 2006, signé par une quinzaine de personnalités de l’UIP, dont Mario Beauregard, cité précédemment, et Bernard d’Espagnat, dont vous avez pu lire un article dans le numéro 272 (mai 2006) de Science et pseudo-sciences.

« Vouloir se servir de l’existence d’un mouvement comme le Dessein Intelligent pour discréditer les scientifiques qui affirment, a posteriori, que les découvertes scientifiques récentes donnent droit de cité, sans les prouver, aux conceptions non-matérialistes du monde, c ’est effectuer volontairement ou non, une confusion qu’il convient de dénoncer. »

Ce que Jean Staune appelle confusion se ramène à une confrontation de point de vue : conception matérialiste contre conception spiritualiste. Si des scientifiques se discréditent en adhérant à la thèse du dessein intelligent, liberté est donnée à quiconque de les épingler. Cette attitude critique vise justement à éviter la confusion entre science, spiritualisme et religion, amalgame « qu’il convient de dénoncer ».

« Accuser, comme cela a été le cas récemment en France, ces mêmes scientifiques de se livrer à des « intrusions spiritualistes en science », c ’est contraire à l’éthique et à la liberté du débat qui doit exister sur les implications philosophiques et métaphysiques des découvertes scientifiques […] » Contraire à l’éthique ? L’attaque cible ici l’ouvrage coordonné par G. Lecointre et J. Debussy publié chez Syllepse en 2001 Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences. L’éthique n’interdit en rien la critique et les positionnements clairs. Accuser les matérialistes d’aller contre l’éthique, c’est vouloir coller au débat une étiquette morale. C’est un peu misérable.

Contraire à la liberté de débat ? Le débat devrait-il être vissé sur les convictions de Jean Staune et ses disciples ? Y a-t-il encore débat si certaines « implications philosophiques et métaphysiques » deviennent obligatoires ? Fort heureusement, non. C’est au contraire la diversité des opinions qui fait l’essence des débats.

« Agir de cette façon, ce n ’est pas servir la science. En une période où il existe une crise de vocation importante chez les jeunes pour les carrières scientifiques, où la science est soumise à différentes sortes de critiques, la science se doit d’être la plus ouverte possible (entre autres ouvert eà la question du sens) et ne doit pas se refermer autour d’un rationalisme borné caractéristique du scientisme. » Pauvres de nous ! Nous participerions, par notre diffusion des idées des scientifiques matérialistes, donc d’un rationalisme « borné », à la désaffection des jeunes pour la science ! Alors que la spiritualité est à la mode, envahit les médias, et que le spiritualisme en science séduit le public, c’est donner bien du pouvoir aux matérialistes. Le rationalisme est borné, certes, et au sens littéral c’est un avantage, car cette borne permet de ne pas laisser l’esprit béant, ouvert à toutes les dérives.

Source : http://www.staune.fr/Pour-uneScience-sans-a-priori.html

A.L.

La revue Nexus porte atteinte à la santé publique

La revue Nexus vient de se voir retirer, le 19 juillet dernier, le taux de TVA à 2,10 % attribué aux journaux de presse d’information inscrits sur ses registres. La commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAD) a en effet estimé :

« En ce qui concerne Nexus, il ressort des pièces versées au dossier, et notamment des numéros 37 à 43, que cette publication, en contestant dans de nombreux articles les acquis positifs de la science, mettant en doute l’innocuité des vaccins, et, partant, le principe même de la vaccination ou celui des greffes d’organes, est susceptible, si elle est lue au premier degré, d’inquiéter les esprits les plus fragiles, et ne présente pas, de ce fait, le caractère d’intérêt général quant à la diffusion de la pensée requis par les textes. »

Cette revue est en effet spécialisée dans tout ce qui est guerre contre la science, de la physique à la biologie en passant par les pratiques médicales. Elle souscrit à toutes les thèses les plus folles pourvu qu’elles soient contestataires et sectaires, voit des complots partout, mais se targue d’esprit libre.

La revue proteste dans son éditorial de novembre 2006 en précisant : « Les avantages de la vaccination n’ont pourtant jamais été démontrés par aucune étude scientifique. »

Nexus va donc passer à une TVA à 19,6 %, et annonce qu’elle va être contrainte d’augmenter son prix. C’est une bien mince contrainte pour un magazine de désinformation et d’apologie sectaire.

Nexus, édito septembre-octobre 2006

A.L.

1 N. f. L’halieutique : exploitation biologique des fonds marins, technique de la pêche en mer.

2 Jean Staune est né en 1963. Il est consultant et formateur en entreprise. Il donne des cours à HEC en tant que maître de conférences. Il est le créateur de l’Université Interdisciplinaire de Paris, qui vise à réconcilier la science et la religion.